Faut-il faire son site web soi-même ?

Jean-Marc regarde la maquette de son site avec une web-designer.

Quand on démarre un projet professionnel, souvent, l’argent manque. Aussi, pour en économiser, on est tenté de faire son site web soi-même. Si vous êtes du métier, c’est une évidence pour vous. Mais même si vous n’en êtes pas, vous vous êtes peut-être posé la question.

Jean-Marc le Libraire s’est lui aussi demandé s’il allait faire son site web lui-même. Il a abouti à un compromis. Il va garder la main sur son contenu, mais se faire accompagner et conseiller par des prestataires indépendants. Parmi eux, on trouve une web-designer (ci-dessus), un développeur WordPress, et un rédacteur web.

Selon vos connaissances en informatique, votre appétence pour le web, ce que vous avez prévu pour votre site, et le budget que vous avez à y consacrer, je ne vais pas vous dire la même chose. Comme je l’ai déjà évoqué, chaque projet est unique, celui (ou celle) qui le porte aussi.

Avant de vous lancer : de quel type de site web avez-vous besoin et que savez-vous faire vous-même?

Vous n’avez pas lu la rubrique sur les bonnes questions à se poser ? Dans ce cas, je vous invite à la lire avant de continuer.

Si vous devez « juste » faire un blog ou si vous voulez un site e-commerce, vous vous en doutez, ça ne représente pas autant de travail.

Dans le premier cas, des connaissances basiques peuvent suffire. Par contre, dans le second il vous faudra des connaissances avancées. Et bien souvent (voire toujours), cela implique de faire appel à un professionnel.

Aussi, j’insiste : plus votre site sera simple, mieux ce sera. Ceci vaut pour trois raisons :

  • L’ergonomie et l’expérience utilisateur
  • L’environnement et les performances
  • L’argent

Faire un site web, ça prend du temps. Et plus il y a de personnalisation, plus ça prend du temps.

Je vous encourage donc à rester simple. Pour la plupart de vos besoins, il y a des chances qu’il existe déjà des ressources.

Quant à savoir si vous saurez les utiliser, c’est une autre question. En fait, faire un site web, d’un point de vue technique, c’est assez facile. D’ailleurs, je présente quelques ressources pour faire son site web soi-même.

Tour d’horizon des solutions pour faire son site soi-même

Je dois quand même nuancer mon propos. Avant d’être opérationnel dessus, il y aura toujours un temps de prise en main.

Un outil pour construire un site web, c’est comme n’importe quel outil, il faut apprendre à s’en servir. Même quelque chose d’aussi basique qu’un marteau, avant de vous en servir correctement, vous vous êtes tapé plusieurs fois sur les doigts. Pour faire son site web soi-même, c’est la même chose.

Sans plus attendre, donc, passons en revue les différentes façons de créer un site.

Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive. Mais si vous découvrez une technologie, il y a quand même de fortes chances qu’elle entre dans l’une de ces catégories.

Faire un site web « custom »

On parle de site « Custom » ou « From Scratch » (à partir de zéro en anglais)pour des sites créés à partir d’une page blanche. Quand j’ai commencé à m’intéresser au développement web, je me suis fait la main avec ce genre de site.

Toutefois, il faut nuancer. Parmi eux, on trouve des sites « statiques » et des sites « dynamiques ».

Un site statique est construit avec deux technologies. On a d’une part le HTML, qui organise le contenu de la page, et d’autre part le CSS, qui organise ses visuels (couleurs, polices de caractères, taille et style des différents encarts…). Je vous invite d’ailleurs à suivre l’excellent cours de Mathieu Nebra, sur OpenClassrooms. Il est complet et abordable.

Un site dynamique, c’est un site sur lequel l’utilisateur peut agir, et notamment, transformer son contenu.

Sur un blog, c’est un lecteur qui commente un article. Sur un site e-commerce, c’est quand vous saisissez une commande. Et même sur un site vitrine, vous générez du contenu quand vous remplissez un formulaire de contact.

Il est possible de faire tout ça, juste avec du HTML, du CSS, un langage de programmation (du PHP, le plus souvent) et une base de données.

Cependant, les sites web étant de plus en plus complexes, l’utilisation de « frameworks » (sorte de bibliothèques de fonctions à intégrer à vos programmes) est devenue la norme. On en trouve beaucoup pour faire des sites web. En voici quelques-uns :

  • Vue.js, Node.js, React ou Angular en langage JavaScript ;
  • Django ou Flask en langage Python ;
  • .NET en langage C# (lisez DotNet en C-Sharp) ;
  • Symfony ou Laravel en langage PHP ;

La liste est très longue, et se renouvelle régulièrement. Si cet aspect vous intéresse, OpenClassrooms regorge de ressources pour apprendre seul les bases de la programmation. J’ai aussi trouvé beaucoup de choses sur Developpez.com.

Utiliser une plateforme d’hébergement de sites

Mais soyons honnêtes, vous n’avez peut-être pas un an devant vous pour apprendre le métier de développeur, et vous n’êtes pas sur ce site pour ça.

En plus, vous avez vu que beaucoup de plateformes proposent des moyens de faire un site web soi-même, sans se casser la tête avec ces questions.

Alors soyons clairs. Certes, ces plateformes vous permettront d’avoir rapidement et facilement un site web fonctionnel.

Mais je dois vous avertir des limites. Déjà, vous allez souvent devoir payer un abonnement. À long terme, ça peut finir par coûter plus cher que les services d’un professionnel !

Ensuite, il y a une limite technique. Certes, sur ces plateformes, vous pouvez réaliser des pages web en WYSIWYG (What You See Is What You Get). Mais il n’y a pas que l’aspect visuel des pages qui est important. Il y a aussi leurs fonctionnalités.

Voici quelques exemples, parmi les plus connus.

Wix

Sans doute l’une des plus connues, Wix est une plateforme assez controversée. Sa prise en main est simple, mais c’est un système fermé et peu optimisable. Aussi, si vous avez prévu un site à usage commercial, vous risquez de vite en voir les limites, notamment pour le référencement.

Google Sites

Je ne peux pas dire de mal. J’ai commencé à faire des sites web avec ça. Cette interface avait l’avantage de la simplicité. Et pour quelques euros, vous pouviez donner un vrai nom de domaine à votre site. Mais aujourd’hui, ce n’est pas ce que je vous conseillerais, surtout si vous manipulez des données sensibles.

Webflow

« Contrôler le web avec votre esprit », c’est comme ça que la publicité le vend. Je ne connais que de nom, mais les retours que j’ai eus sont très bons, même de la part de professionnels. Si vous le souhaitez, je pourrai tester et faire des retours.

Pour résumer…

Les constructeurs de site peuvent constituer une option intéressante à court terme, mais je ne la recommanderais pas pour tous les usages. S’il y a besoin de faire évoluer le code de votre site, il est important d’avoir la solution la plus ouverte possible. Je ne retiendrais pas l’option du constructeur de site, mais si c’est votre cas, Webflow semble l’option la plus satisfaisante.

Utiliser un CMS (Drupal, Joomla, et bien sûr, WordPress)

Nous arrivons à la méthode que je vous recommande le plus… Celle que j’utilise moi-même !

Un CMS, pour Content Management System (Système de Gestion de Contenu en anglais) est un logiciel à partir duquel il est possible de créer un site web. C’est presque le même principe qu’un constructeur de site, sauf qu’ici, vous avez accès au code source, et vous avez moyen de le personnaliser à un niveau avancé. De plus, vous pouvez gérer l’hébergement de votre site vous-même.

Parmi les CMS, on peut citer Drupal, Spip, Joomla, et bien sûr, WordPress. Je vais me concentrer sur ce dernier, pour la simple raison que c’est le seul que je connaisse vraiment.

Il y a beaucoup d’excellentes raison de choisir un CMS, et en particulier WordPress. Vous pourrez lire un article où j’approfondis ce sujet. Pour l’heure, vous pourrez retenir de ce système qu’il est :

  • très populaire : WordPress représente 60% des sites faits avec un CMS, et 40% de l’ensemble des sites web dans le monde ;
  • adapté à tous usages : même si vous ne savez pas coder, administrer un site WordPress reste assez facile. Mais à l’inverse, un développeur peut facilement le personnaliser ;
  • pérenne : 40% des sites web dans le monde sont faits avec WordPress. Cela signifie que vous n’aurez aucune difficulté à trouver quelqu’un pour assurer sa maintenance. La plupart des webmasters connaissent cet environnement.

Mais même avec des connaissances techniques, vous allez vite voir que vous n’êtes pas encore au bout de vos peines !

Avertissement : les connaissances techniques ne suffisent pas !

C’est la dure réalité. Avoir des compétences techniques pour faire un son site web soi-même, ça ne signifie pas qu’il sera de qualité professionnelle. Pour certains points, vous allez devoir passer par un professionnel, justement. Pour les autres, je vous laisse juge.

Hébergement : déléguez à un professionnel, c’est plus sûr

En apprenant à code, j’ai eu l’occasion, entre autres, d’installer un serveur. À cette occasion, j’ai aussi acquis des rudiments d’administration système.

Suffisamment pour comprendre qu’il valait mieux que je laisse faire ceux dont c’est le métier !

J’irai droit au but : rendre votre site accessible depuis un serveur, c’est bien, mais ça ne suffit pas. Cet accès doit être sécurisé, et c’est un domaine d’expertise à part entière.

De plus, l’incendie chez OVH (dont je parle ici) nous a rappelé que même des professionnels reconnus n’étaient pas à l’abri d’un accident.

Perdre votre site web n’étant pas une option, confiez-le à des mains expertes, qui sauront garantir sa sécurité.

Web-design et UX-design pour faire un bon site web

Je vous ai bien fait peur avec l’hébergement de votre site ? La suite devrait vous détendre un peu.

On est sur quelque chose de beaucoup moins technique et de beaucoup plus créatif (et beaucoup plus amusant à mon goût). Votre avis sera largement sollicité à cette étape.

Par Web-design, on entend la façon dont un site se présente, mais plus largement, la façon dont il est organisé.

Sur la création d’un site web, c’est l’étape où il y a le plus de choses à faire soi-même. Il faut penser et organiser une page, et même penser la façon dont les pages s’articulent les unes avec les autres.

N’oubliez pas, par contre, qu’elles auront des contraintes techniques et des règles d’ergonomie. Une page web devra être pensée pour l’utilisateur. Autrement dit, il faudra respecter des règles d’ergonomie, d’accessibilité, et organiser le contenu de façon claire.

D’un point de vue technique, faire une maquette de site est assez simple. Personnellement, je fais mes maquettes « fil de fer » sur papier. Mais ça ne vous dispensera pas d’un certain nombre de règles à respecter. Et pour les respecter, vous devez déjà les connaître.

Si vous pouvez concevoir des pages web vous-même, rappelez-vous quand même que vous espérez de la qualité professionnelle. Même si vous faites une maquette vous-même, demandez quand même l’avis d’un web-designer. Ça vous évitera des erreurs.

Des connaissances en graphisme pour des visuels qui servent votre message

Si vous avez déjà une existence commerciale, vous avez sûrement déjà une identité visuelle. Si ce n’est pas le cas, il va vous en falloir une.

A minima, il vous faudra une charte graphique. Cela veut dire qu’il y aura d’une part des couleurs, d’autre part des polices de caractères liées à votre identité visuelle.

Parmi les exemples connus, je vous renvoie à la charte graphique d’IKEA. Aujourd’hui, si on parle de la police Futura et des couleurs bleue et jaune (les couleurs du drapeau suédois, pour mémoire), c’est à eux qu’on pense.

Webmarketing : communiquer sur le web, une spécialité à part entière

Faire son site web soi-même est une chose, le faire connaître en est une autre.

Examinons le problème : votre site web fonctionne, vous l’avez testé, il n’a pas de bugs, et cerise sur le gâteau, il est beau.

Un problème reste : tout ça n’a aucune importance si personne n’y va.

Comment faites-vous pour le faire connaître ?

Vous faites comme pour un local commercial : de la publicité. Mais chaque canal publicitaire a ses avantages et inconvénients. Que savez-vous de ceux du web ?

Voici les moyens gratuits d’amener du trafic vers votre site :

  • les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Instagram, LinkedIn… ;
  • les moteurs de recherche (Google, notamment) ;

Mais ne vous y trompez pas, même si c’est gratuit, vous allez devoir payer de votre personne. Vous devrez aller chercher vos abonnés sur votre page Facebook (notamment parmi vos amis, mais aussi dans des groupes dédiés à votre activité…). Vous allez aussi devoir vous montrer, investir le terrain, de façon à pousser les gens aller sur vos réseaux sociaux, et bien sûr, sur votre site.

Pour les moteurs de recherche, c’est plus compliqué. Tout dépendra de la façon dont votre site est référencé. Cela dépend en partie de l’optimisation on-page (optimisation des réglages et du contenu), et en partie de l’optimisation off-page (les liens qu’on trouve vers votre site ailleurs sur le web).

Dans un cas comme dans l’autre, il y a des connaissances techniques, mais aussi des notions de communication.

Si on parle de votre communication hors de votre site web, cela relève de la compétence d’un community-manager. Et là encore, c’est un métier.

Moyennant finance, vous pouvez aussi passer par la publicité ciblée sur Google ou Facebook. Mais pour que l’opération soit rentable, vous devrez bien réfléchir à une stratégie. Autrement, cela peut vite devenir un gouffre financier.

Questions juridiques : la partie la plus risquée à assumer soi-même

Dans le genre rébarbatif, il y a pire que le jargon informatique : le jargon juridique.

Vous vous demandez si cet aspect est vraiment indispensable ? La réponse est oui.

Tout site web dépassant la sphère privée doit respecter un certain nombre d’obligations légales. Si ce sujet vous intéresse, vous avez peut-être entendu parler du RGPD.

Ce sont les initiales pour Règlement Général pour la Protection des Données. C’est une directive européenne à laquelle tous et toutes nous devons nous conformer. Cela signifie que vous ne pouvez pas faire n’importe quoi avec les données de vos utilisateurs.

Chaque fois que vous recueillez des informations personnelles, vous avez l’obligation de :

  1. Motiver cette collecte (dire à quoi ça va servir, et vous engager à ne les utiliser à rien d’autre).
  2. Spécifier quelles données vous collectez (notamment pour les cookies).
  3. Systématiquement demander l’accord de l’utilisateur.
  4. L’informer de ses droits sur ses données : droit d’accès et droit à l’oubli, notamment.

Certains sites, même parmi les plus gros, prennent cette question à la légère. Mais vous, ne négligez pas l’aspect légal de votre site, surtout si vous n’avez pas autant d’argent qu’eux pour payer un avocat ( ou une amende ! ). Si vous avez des doutes, vous pouvez vous tourner vers la CNIL, qui propose des ressources et de la formation sur son site.

Sachez au moins que le vôtre devra au moins avoir :

  • des mentions légales;
  • une politique de confidentialité.

S’il a un espace-membres, il faudra y ajouter des conditions générales d’utilisation, et si c’est un site e-commerce, des conditions générales de vente.

Conclusion

Vous l’aurez donc compris, s’il est techniquement possible de faire son site web soi-même, il y a certaines étapes où il vaut mieux laisser faire ceux qui savent.

Cela vaut notamment pour :

  • l’hébergement ;
  • la promotion du site ;
  • les questions réglementaires (mention légales, politique de confidentialité, conformité au RGPD).

Un site web est un canal de communication. Il ne peut donc pas se contenter d’exister. Il doit témoigner d’un certain niveau d’exigence, à l’image de votre professionnalisme.

Cette exigence vaut pour les qualités techniques de votre site web, mais aussi pour son contenu, et ce qu’il apporte à vos visiteurs.